
Attendiez-vous le billet sur mon adolescence ?
Peut-être pas mais si jamais, sachez qu’il viendra.
Volte-face.
7h40 ce matin. La frange revêche sur le front, les yeux dans le vague, la cuillère qui tinte sur le bord du bol breton et le pyjama qui sent la Soupline, Romy m’envoie un « tu es croyante toi maman ? »
J’aurais aimé lui dire (comme ça m’arrive de le faire parfois, en mère capitularde que je suis quand j’ai déjà du mal à répondre aux questions que je me pose) « oui mon bébé, allez va te brosser les dents et fais ton lit, on va être à la bourre. Et non tu ne mets pas tes sandales. Pourquoi ? Parce qu’il fait 2 degrés ».
Mais celle-ci m’a interpellée. Malgré mon envie de finir ma chicorée en pensant à ce que serait ma vie sans l’acné du masque et un voisin qui chante comme mon moi maléfique quand j’ai seize grammes. Good to know : je chante déjà très mal à jeun.
Elle m’a interpellée.
Quoi répondre.
Que les croyances ça veut tout mais surtout rien dire. Que 80% des siennes sont des légendes inventées par les adultes pour repousser au maximum le jour où leurs petits comprendront qu’ils grandissent dans un monde de merde. Que la vie est un sacerdoce. Que les dents de laits ne sont pas chez la petite souris mais s’entassent dans une boite au fond d’un placard (si elles ne sont pas quelque part à la déchetterie entre une capote et une couche pleine). Pleines, ça marche aussi. Les cloches de pâques c’est maman, tata et mamie. Surtout tata, la cloche. Les cadeaux sous le sapin n’ont pas été faits pas des lutins en Laponie mais par des êtres de moins de six ans quelque part en Chine. Les Pères Noël qu’elle croise dans les couloirs des galeries marchandes sont des chômeurs en mission d’intérim qui sont obligés de se coller de la mousse en polyester hautement inflammable sur les bajoues pour s’offrir un caddie plein chez Aldi. Et quand ils finissent leur journée sur les rotules, mêmes rotules ramollies par les fesses nourries aux Kinder de tous les mioches ayant voulu immortaliser la rencontre, ils rentrent chez eux éreintés dans le traineau sans rennes qui s’appelle RER.
Je ne lui ai pas dit ça.
Est-ce que je suis croyante.
Je crois que oui. En quoi précisément j’aurais sans doute un peu de mal à l’expliquer mais je suis croyante.
Je lui ai dit que la croyance n’est pas qu’une affaire de religion. Du reste, elle sert à faire du bien, à rassurer, à porter. Je lui ai dit qu’être croyante c’est sentir qu’on n’est pas seule, que quelqu’un, quelques-uns, quelque chose, n’est jamais très loin et nous accompagne. Que la croyance nous appartient, que c’est à nous de décider qui on veut ériger en dieu. À personne d’autre.
Je lui ai dit ça.
J’ai ajouté aussi que Matt Pokora et Dadju n’étaient pas sur liste.
Mon dieu à moi c’est l’espoir (et Tom Hardy, mais passons), un espoir ravageur qui me fait croire que tout ne peut que bien aller. Sauf quand j’ai plus d’espoir. Mdr. Ah non pas mdr.
Je crois en la vie, je crois en l’humain, je crois en l’amour.
Je crois aux âmes. Celles qui partent, celles qui restent. Celles qui nous convoient.
Je crois qu’on a tous eu des vies avant et qu’on aura des vies après.
Je crois aux chemins tracés, aux destins croisés.
Je crois aux anges.
Je crois que la vie sourit aux optimistes, aux résilients, aux bienveillants.
Je crois que ceux qui croivent n’ont pas un mauvais fond mais méritent quand même qu’on leur dise deux trois trucs.
Je crois que l’on peut faire croire n’importe quoi à n’importe qui, si on y croit.
Je crois qu’on peut réaliser ses rêves, si on y croit.
Je crois que dans la vie il faut y croire.
Je crois qu’on a tous du bon en nous. Bon d’accord pas tous.
Je crois que les gens drôles sont les plus sensibles. Mais les plus vivants aussi.
Je crois aux signes.
Je crois que je n’aurais pas dû faire de vannes sur les roux. Je déconne.
Je crois que les morsures de l’amour font mal mais que sans on ne vit pas.
Je crois qu’on est tous là pour quelque chose. Sauf Olivier de Besnoit.
Je crois les femmes.
Je crois les enfants. Sauf Romy quand elle me dit qu’elle s’est brossé les dents plus de deux minutes.
Je crois que je suis misophone.
Je crois que je n’ai jamais eu autant envie de partir au soleil, loin.
Je crois que je vais me mettre sur le toit quand on va pouvoir sortir à nouveau.
Je crois que tout vient à point à qui sait attendre. Et à qui s’en donne les moyens.
Je crois que je suis incapable de faire semblant quand je n’aime pas quelqu’un.
Je crois que mon ostéo veut me faire des bébés.
Je crois que le Covid est une invention de l’état pour tous nous museler et nous fliquer. Je crois que c’est ma meilleure vanne.
Je crois que je vais faire des injections d’acide hyaluronique dans la ride du lion et le contour des lèvres. Roh ça vaaa.
Je crois aux belles histoires, aux rencontres fortuites.
Je crois aux coïncidences qui n’en sont pas.
Je crois aux hasards écrits.
Je crois que mes parents sont éternels.
Je crois en la justice. Faux.
Je crois que je suis adulte. Enfin.
Je crois que l’amitié c’est comme l’amour mais en mieux.
Je crois qu’on peut être l’amie de son amoureux.
Je crois que ça ferait du bien à tout le monde si Calogero arrêtait la musique.
Je crois que je suis romantique, pudique, empathique.
Je crois que les femmes sont supérieures aux hommes. Je blague. Ah non.
Je crois les victimes.
Je crois que la virilité vraie c’est quand un homme n’a pas peur d’être fragile.
Je crois que c’est pas cette année encore que je pourrais fêter dignement mon anniversaire.
Je crois que j’ai fait les bons choix, même quand c’était les mauvais.
Je crois que je suis libre et heureuse aujourd’hui. J’en suis sure.
Je crois en moi.
Je crois qu’en fait je n’aime pas le Mc Do.
Je crois que je vais galérer à trouver une chute pour ce texte.
Je crois que vous ne m’en voudrez pas.
Love.