Bucket list

« Tu ferais quoi toi si on te disait que tu allais mourir bientôt ? »

C’est peu dire que la période aurait pu être mieux choisie par ma pote Camille pour se lancer dans des débats aussi anxiogènes. Mais trop tard, la question était posée.
J’ai d’abord, avec le flegme maximum dont je suis en ce moment capable de faire preuve, opté pour un « mais j’en sais rien, ta gueule ». 
Et puis, l’ennui faisant, je me suis sérieusement posé la question.

Je ferais quoi ? 

Pascal Obispo et Natacha St Pier avaient déjà mis le sujet sur la table il y a quelques années. De ce drame culturel, je retiens un couplet.

Il y a ceux qui prendraient un avion
D’autres qui s’enfermeraient chez eux les yeux fermés
Toi, qu’est-ce que tu ferais ?
Toi, qu’est-ce que tu ferais ?
Il y en a qui voudraient revoir la mer
D’autres qui voudraient encore faire l’amour
Une dernière fois
Toi, tu ferais quoi ? Et toi, tu ferais quoi ?

Je ferais quoi ? 

Je ferais un truc fou, une activité à sensations fortes que font tous les gens qui n’ont pas peur de mourir. Sauter en parachute, à l’élastique, plonger au milieu des requins, monter en voiture avec ma grand-mère, me faire gang banger (ça vaaaa, je blague, elle ne conduit pas si mal).  

J’attendrais Tom Hardy devant son domicile pour le sommer de me faire l’amour, histoire de connaître le vrai bonheur au moins une fois avant que l’autre conne débarque en agitant sa faux. 

Je prendrais un dernier cours de conduite, douze ans après avoir eu le permis, pour mourir en sachant faire les créneaux. Question d’honneur. 

Parce que j’ai à cœur de partir pure, j’avouerais tout.

À ma sœur que les vêtements qu’elle cherche depuis des mois (années ? Moh, t’exagères toujours) sont dans un coin de mon placard. Le coin des affaires volées.

À ma fille que Bubulle n’est évidemment pas parti en colonie de vacances pour poissons rouges il y a cinq ans. Je l’ai balancé dans les chiottes après l’avoir empoisonné involontairement avec de l’eau de javel.

À mon ex que le jour où il a attendu toute la journée à l’appart les livreurs de la table, je savais depuis 9h du matin qu’elle avait été déposée au point relais. J’avais trouvé terriblement injuste qu’il m’accuse d’avoir abimé son 4×4. Il se peut que j’aie un peu tapé la benne en reculant mais rien ne prouve que les traces venaient de là.

À mes parents que je me suis fait un piercing au téton quand j’avais quinze ans. C’est Alexandre qui a signé pour moi. 

Évidemment, je profiterais un maximum des gens que j’aime. De ma famille. De mes amis. De mes plans cul (papa, maman, c’est juste pour la légèreté de l’écrit. Je ne m’offre que quand je suis amoureuse. Ou bourrée).

Je dirais à Claude (Alice, elle te revient) de ne jamais laisser la malveillance des gens l’atteindre. Qu’elle n’est pas moche. Pas tant que ça.  

Je me ferais teindre en rousse, juste pour prouver aux personnes qui m’ont écrit suite à mon dernier papier que je n’ai rien contre les roux. Évidemment, il s’agissait là de second degré (un truc génial si on y est sensible). Je ne suis pas un monstre et je suis bien trop occupée à focaliser mes élans misanthropes sur les enfants gros et les chinois pour faire dans la discrimination capillaire.

Je léguerais mes économies à Romy (de quoi la mettre au chaud en acquérant, si la négo se fait sans embûche, un T1 en souplex à Caunette-sur-Lauquet).

Je voudrais pouvoir finir mon roman, histoire de laisser une trace de mon passage sur terre (autre que les vidéos gênantes de moi en train de faire de la Capoeira à 5 du mat quand j’ai eu la main lourde sur le Baileys). 

M’assurer que la série écrite avec ma sœur verra le jour. Un mélange de très bonnes vannes et de personnages au poil qui provoqueront vos rires, si forts je l’espère que je les entendrais. 

En parlant de poil, puisse la vie me laisser le temps de finir mes séances d’épilation au laser. Si je dois croiser l’homme de ma mort, j’aime autant avoir le SIF net.

Je ferais des vannes, des drôles promis. Je ne me nourrirais que de Kinder Country et de brie à la truffe. J’essaierais la MD. J’écouterais en boucle ma playlist de la honte. Je danserais beaucoup. Je dormirais peu. 

Ou peut-être que je ne ferais rien d’autre que de garder ma fille avec moi, du matin au soir. Chaque seconde, chaque minute, en l’étreignant assez fort pour que son odeur ne me quitte jamais et avoir la sensation de sentir son petit corps juste en l’imaginant. J’en profiterais pour lui dire que je ne serais pas loin et que je pourrais tout voir de là-haut. TOUT. 

Ah, si, et j’écrirais un dernier papier sur Maag. Pour vous dire merci et bonne route.

Et vous demander, si je vais en enfer (ce qui n’est pas totalement exclu), de dire aux gens qui font des bruits de bouche que je leur garde une place. 

Je vous aime. Et vive les roux. 

5 commentaires

  1. Bonsoir
    Je tenais à vous féliciter vraiment pour vos écrits qui chaque fois me font tordre de rire ( ou me tirent la larmotte) , bref à chaque fois , il se passe un truc !
    Je me dis que c’est bien de faire un message de gratitude en ces temps de m….. !
    Je vous admire , (si si , c’est pas des vannes , ) quel talent pour poser les mots ! Ayant été élevé au 8 eme degrés , vos utilisations des degrés 2 , 3 ou 10 … ne me défrisent pas et me touche en plein cœur de moqueuse que je suis !
    Vous pouvez le dire maintenant , vous êtes combien dans votre tête pour avoir autant d’inspi?? Allez !
    Je me dis que votre Romy , vos amis , vos parents ( qui doivent parfois lire en fermant un œil ) ont une sacrée chance de partager un bout de chemin avec vous ! Je suis un peu jalouse 🤪

    Belle aventure a vous et j’espère voir un jour votre série made by les 2 sisters !

    Julie (de Toulouse )

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  2. Le rituel du mercredi (ouais on est jeudi mais j’habite au Canada donc j’ai le droit d’avoir un jour de jet lag). Merci pour tes articles toujours remplis d’humour et de justesse. Je souris sous mon masque dans le métro et j’attends la semaine prochaine avec impatience.

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