I’m back bitches

Si je suis complètement transparente avec vous, je n’avais pas du tout l’âme Maag aujourd’hui. L’exaltation avec laquelle je bouclais mon texte il y a quinze jours « P.S : je prends deux semaines de vacances, je vous reviens reposée et bavarde le 4 novembre. » a pris un sacré coup de sabre au moment-même où ce qu’on redoutait le plus a été annoncé. Pas le prochain single de Keen V en duo avec Magic System (je sais. je sais.), je veux parler du reconfinement.

Avant que je vide ma valoche ici, il est important de savoir que pour vivre pleinement cette deuxième vague du bonheur, je suis confinée à Paris. Seule avec ma fille et mon chien (si, c’est un chien, arrêtez avec ça, ça me fait de la peine). Pas dans les collines basques, sans voisins, entourée de chevaux et de vert. Non, chez moi à Paris, parce qu’il y a école. Ce qui, vous en conviendrez, légitime l’acerbité dans ces lignes.

J’ai bien envisagé de la déscolariser et de rester dans le sud à jouer les maîtresses mais ma première expérience dans le domaine devra rester la dernière. Pour le bien de tous. La seule maitresse que je veux être aujourd’hui c’est celle à qui on met des fessées. Du coup, hop, tout ce petit monde prend le TGV Biarritz-Paris, sans wagon-bar because of the covid mais avec des chewing gum collés sous les tablettes, plus de savon dans les toilettes et l’enfant moche du voisin qui arrose de ses miasmes chaque page du bouquin que j’essaie de lire.

C’est reparti pour un tour. Lockdown saison 2 comme l’appelle la grande famille des gens cool sur les internets. Il y a aussi ceux qui disent confifi, again, pas lassés les cons. Pas morts non plus, apparemment. 

Le confinement c’était mieux avant.

Quand on pensait qu’en étant disciplinés pendant deux mois on pourrait à nouveau vivre une vie normale. Quand on se nourrissait des citations de vieux sages et de pain fait maison. Quand on faisait la bamboche sur zoom et qu’on trouvait ça rigolo (perso ça m’a toujours donné envie de me faire sauter le caisson mais faut croire que j’étais la seule). Quand on se perfectionnait en yoga, qu’on regardait des séries, qu’on vivait cette période comme une parenthèse bénéfique pour l’humanité, un moyen de se recentrer sur l’essentiel, de faire le point sur ses priorités. C’était le rassemblement dans l’épreuve, l’entraide, la solidarité. C’était les applaudissements aux fenêtres à 20h. C’était la fierté. C’était l’espoir.

C’était avant.

Aujourd’hui les gens sont tendus, tristes, en colère, ça n’amuse plus personne cette histoire de confinement. On râle, on gueule. (Moi ?)

Et pourtant ça nous pendait au nez. Est-ce que ça aurait pu être évité ? Peut-être. Peut-être pas.

La bonne nouvelle, c’est qu’il y a du bon. Pas beaucoup, vrai, mais y’en a. Les esprits chauds du premier confinement, ceux qui se filaient des coups de serpe pour du PQ et des farfalles n’ont pas encore trop fait parler d’eux. Les intellos narcissiques en mal de buzz et dont les injonctions pseudo libertaires nous encourageaient il y a peu à jeter les masques devraient commencer à fermer leur gueule. La folie Tik Tok – ou comment me donner envie de mettre fin à cette souffrance en buvant un litre de Cillit Bang – semble avoir perdu de sa fougue. Too bad.

Ceux pour qui rien ne change en revanche, ce sont les conspirationnistes. Toutes les théories y passent. Le plus inquiétant, c’est que ça commence à toucher les gens équilibrés. Je veux dire, à priori, sans pathologie psychiatrique lourde. Une personne que je connais et qui avait jusque-là réussi à me rassurer sur son bon fonctionnement cérébral me dit l’autre jour « tu sais, c’est peut-être con ce que je vais dire, mais je me demande si le gouvernement n’a pas demandé aux labos de faire des faux positifs. C’est quand même bizarre que sur tous ces gens qui se font tester il y ait autant de cas non ? ». Ah oui donc c’est bon on y est, t’as dévissé. Nickel, parfait.

Je ne pense pas forcément être la mieux placée pour parler stratégie politique, vraiment pas même, mais plonger volontairement le pays dans une crise économique et vivre le quinquennat le plus dégueulasse de l’histoire, je ne suis pas sure-sure que ça soit une si bonne opération séduction pour un président. Mais cet avis n’engage que moi.

Et puis tu as ceux aussi dont l’unique mission sur terre, le but dans la vie, c’est de niquer celle des autres. D’éteindre de leurs deux doigts mouillés la flamme qui continue de danser. C’est l’enfant méchant qui dit à celui qui croit encore au père noël qu’il n’existe pas et que son oncle gros et alcoolique se cache sous la barbe inflammable fabriquée par des chinois exploités de 4 ans. C’est l’enculé qui balance sur Twitter ce qui se passe dans le dernier épisode de ta série préférée. C’est ton amie conne (ou méchante) qui t’envoie « je ne pourrai pas être là ce soir j’ai la gastro » alors que tu n’es au courant de rien (oui, enfin, normalement) parce que c’est ton anniversaire surprise. Je sortais ce matin pour aller récupérer mon enfant masqué à la sortie de l’école quand je me suis faite cagouler de force par le papa de Gaston qui, après avoir étalé ses connaissances sur la Covid (oui il dit la Covid et que ça se dise ou non là n’est pas le sujet, le sujet c’est qu’une place en enfer vous attend à côté de vos copains qui disent confifi), a clos son laïus sur un message plein d’espoir « de toute façon il va y avoir encore au moins quatre vagues selon les scientifiques ». Olalalaaa mais chuuuuuuuuuuuuuuuut le papa de Gaston, ta gueule, euh pardon chut. 

Il faut tenir bon les gars. On va s’en sortir. Peut-être.

Il est 16h16 et il parait qu’à partir de cette heure les femmes travaillent bénévolement jusqu’à la fin de l’année donc je vais fermer mon ordinateur, symboliquement. Et je vais aller m’ouvrir une bouteille de vin (à 16h16 tout à fait, ma fille est chez son père inutile d’appeler les services sociaux), moulée dans mon legging qui me fait une patte de chameau, en attendant demain. Et si jeudi le cœur m’en dit, que la neurasthénie a pris possession d’un autre corps que le mien et que l’inspiration est au rendez-vous de nos promesses, je prendrais ma plume digitale (c’est beau ça hé) pour avancer sur mes projets d’écriture. Ou je balancerais des photos sur Insta d’un moi qui est très loin de moi au moment où je vous parle. Ou je regarderais les Marseillais. 

Gardez la pêche et confinez-vous, bordel. 

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