ET CE CAFARD SINON ?

On en fait quoi ? 

J’ai pourtant fait l’effort, inlassablement depuis mon retour à Paris (après deux mois au paradis), de ne voir que le bon côté des choses, de ne pas me plaindre, de ne pas me laisser envahir par des pensées toxiques, dévastatrices. Parce que la vie que tu mènes dépend un peu de comment tu la rêves.

Mais depuis une semaine, j’ai envie de tout niquer. J’ai essayé de trouver une façon plus élégante de véhiculer le propos mais y’a pas, j’ai envie de tout niquer. On partira sur ça.

Au départ, sachez que je n’avais pas spécialement pour projet de venir répandre ma morosité sur les pages de ce blog qui a plutôt vocation à faire sourire, mais j’ai compris que je n’étais pas seule dans le wagon du spleen. D’autres que moi sont montés dans le train. Alors je me dis que peut-être d’en parler ici ça va faire du bien.

Y’avait Bigard aussi, et toujours, mais Cluzet s’en est chargé. Le traitant d’abruti total et de leader des beaufs. S’il y avait quatre chemins pour y aller, François ne s’est pas tellement fait chier. Il en a pris un, pas le plus tendre. Et si je rejoins son agacement sur quelques points, précisément celui de la présidentielle, je me dis aussi que pendant que Jean-Marie est occupé à parler politique aux activistes en gilet fluo, il ne fait pas de blagues sur le viol ou sur sa bite. Et ça. 

C’était il y a quelques jours encore, Paris sous la chaleur de l’été, cet été qui semblait jouer les prolongations comme un dédommagement pour le printemps que nous n’avons pas eu. De quoi nous donner à tous l’impression que l’hiver n’arrivera peut-être jamais (pour la poésie, j’oublie l’écologie le temps d’un texte), que toute la fin 2020 ne sera qu’une douce et épaisse saison de transition pour réparer les bobos et nous faire aimer, pourquoi pas, le métro, le boulot et le dodo. 

Et puis tout s’est arrêté. La récré est finie, Ça sonne. Vous y avez cru hein bande de blairs. (C’est la vie qui parle là). Évidemment que la merde revient, évidemment. Ahah, les cons. 

Le soleil est parti. Bisou. Hasta la vista. Tu hors de ma vue. Du jour au lendemain, en trouvant normal de prendre avec lui vingt degrés et de dire à la pluie de lui succéder. Alors on relativise. Il ne reste que ça, c’est l’opium des optimistes. Même si au moment où vous êtes allés sur votre appli météo et que vous avez vu le tunnel d’averses sur les dix prochains jours vous avez eu envie, comme tout le monde (et c’est sain), de boire un bidon d’essence avant d’allumer une clope. 

Et alors que j’essayais d’aligner mes chakras vendredi dernier en lisant du Christophe André, de voir dans la pluie et la nuit qui tombe à 14h l’occasion de me reposer, j’ai reçu des messages. « Comment tu vas ? », « tu es chez toi ? », « traine pas dans le quartier ». Un mec distribue des coups de hachoir à trois rues de chez moi. Un attentat. Un de plus. Ma fille sera confinée dans son école pendant plusieurs heures, on lui dira avec ces mots qui étranglent « qu’un homme dangereux est recherché par la police et qu’ils veillent à ce qu’il ne rentre pas dans l’école ». J’en ai pleuré, sans qu’elle le voie. Parce que les enfants d’aujourd’hui en France te racontent ça, entre deux coups de dents de lait dans leur chocolatine (représente) et un « maman, Nina elle a des baskets Totally Spies ». 

Pas grave, on ne va pas se laisser abattre, rester là à regarder les feuilles rousses qui couvrent l’asphalte et pleurer, non, on va sortir, on va aller boire des verres, on va trainer tard dans les bars pour célébrer la vie, l’amour, l’espoir. Non. On va tous faire l’amour les uns avec les autres. Ah, non plus ? Bah non, paposs, le Covid revient de plus belle après nous avoir foutu un semblant de paix pendant l’été (ce qui est déjà plutôt sympa, en vrai). Les chiffres sont là, les virologues le disent, les médecins alertent, les hôpitaux sont prêts. Alors il faut faire gaffe et continuer de se protéger les uns les autres, les uns des autres. N’en déplaise aux mégalos médiatisés de la rive gauche, fils de génie mais mauvaises graines, qui nous invitent à « tomber malade quitte à en crever » et ne jouissent d’être dans la contestation que parce qu’elle leur offre la lumière.

On est mercredi et pendant que j’écris ces lignes avec l’envie de retrouver la flamme, neurasthénique dopée à la brioche Pasquier qui écoute du Brandi Carlile et du Tracy Chapman, je lis en alerte que Finkielkraut prétend être déconcentré par les jeunes filles en cropped top. J’aurais aimé aller plus loin, gratter des lignes et des lignes de mots pesants sur ce que je pense de cet être chevelu et réactionnaire, mais je vais baisser mon écran et aller boire des alcools forts.

La bise.

2 commentaires

  1. Rhaaa, quelle régalade… c’est toujours réconfortant de voir qu’on est pas un (ou une), même si dans le fond, on est vraiment un (ou une), voire tout, si on en croit la mystique ou la théorie quantique… Bref, oui, il reste peu de choses pour s’enivrer de la vie de nos jours, à part les alcools forts (mais à 19h parce qu après c’est trop tard), ou l’imagination…
    Cela dit, et j’ose le dire, l’époque a tort : il ne sert à rien d’avoir peur, c’est toujours la voie du pire.

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