
Nous sommes à J16 depuis le début du confinement. Seize jours que nous sommes tenus de rester enfermés chez nous pour respecter les consignes de sécurité sanitaire et participer à enrayer cette épidémie. Seize jours et bien plus encore devant nous. Le gouvernement, pas con, joue la stratégie des quinze jours de rab pour éviter de donner la durée réelle du confinement en une fois et pousser les personnalités borderline à dégoupiller. Moi, par exemple.
Seize jours que nous sommes chez nous pendant que d’autres continuent d’aller travailler en risquant leur vie pour que notre monde ne s’écroule pas complétement. Pour que les gens survivent pendant que nous, confinés épargnés, attendons sagement chez nous en râlant, s’engraissant, faisant des selfies en jogging-hashtag-cosy et en regardant des vidéos de chats sur Instagram.
Je fais partie des gens très chanceux qui vivent leur confinement à la campagne, dans une grande maison avec un jardin, loin de l’angoisse des villes désertes et des hôpitaux qui dégueulent. Je suis dans un environnement apaisant, rassurant, vivifiant (ta gueuuule). Mais je suis aussi dans une maison où les seuls voisins visibles à l’œil nu ont quatre pattes et broutent de l’herbe, du coup quand à 20h vous ouvrez tous vos fenêtres pour faire vibrer l’air de vos applaudissements qui remercient le personnel soignant, moi je vous regarde émue sur des storys Instagram ou au JT.
Alors, désireuse de vouloir montrer ma gratitude, mon admiration et mon amour éternel à ces gens qui se battent chaque jour pour nos vies et celles de nos proches, j’ai décidé de leur dédier ce papier. Un post pour dire merci. Un post en hommage à tous ceux que l’on applaudit mais aussi à tous ceux dont on parle assez peu et sans qui les rouages de la machine seraient moins bien huilés. Les invisibles.
Merci aux personnels soignants qui font preuve d’un courage et d’une abnégation sans faille face à la violence de cette épidémie. Merci à eux qui ne dorment plus, ne mangent plus, ne peuvent plus profiter de leur famille pour sauver des vies avec toujours aussi peu de moyens. Certains en meurent.
Merci aux femmes de ménages qui se rendent tous les jours dans les hôpitaux pour nettoyer et désinfecter les lieux. Lieux où le virus demeure dans chaque recoin.
Merci aux routiers qui, malgré leur droit de retrait, continuent de prendre la route et de livrer les supermarchés dans des conditions toujours plus difficiles.
Merci aux caissières qui sont en ligne de mire et qui croisent, pour beaucoup, plusieurs centaines de clients par jour. Merci à elles qui ont longtemps souffert du mépris social et qui n’hésitent pas à continuer d’aller travailler pour nous servir.
Merci aux pompiers, aux instituteurs.trices, aux policiers, aux agriculteurs, aux facteurs.trices, aux livreurs, aux éboueurs.
Merci à ceux qui pensent aux personnes âgées qui vivent seules et les aident au quotidien quand la famille est trop loin d’elles pour le faire. Je vous aime.
Merci à toutes ces fondations qui protègent ceux dont on ne parle pas assez en ce moment et qui sont des victimes collatérales de cette crise (les personnes violentées, les handicapées, les enfants malades…).
Merci aux personnels des Ehpad qui se sont naturellement confinés avec les résidents pour éviter de leur faire courir le moindre risque. Acceptant sans aucune hésitation de faire le sacrifice de ne pas rentrer chez eux auprès de leurs proches.
Merci aux intelligents qui comprennent ce que veut dire le mot « CONFINEMENT » et qui ne minimisent pas l’ampleur de ce que nous sommes en train de traverser.
Merci aux altruistes, aux généreux, aux gentils.
Pas merci à ceux qui profitent de la situation pour se faire du blé. Ceux qui volent des masques, des respirateurs, ceux qui lancent des arnaques en ligne, ceux qui agressent les infirmières. Vous êtes les pires personnes.
Merci aux grands chefs cuisiniers qui offrent des plats aux personnels des hôpitaux.
Merci à tous ceux qui, par leur humour, leur talent et leur créativité nous aident à vivre des journées qui ne durent plus que 72 heures au lieu de 90.
Merci à mon foie de faire un break (alors que si j’écoutais le diable en moi je boirais un cubi de Villageoise tous les soirs. Et tous les matins). J’en profite pour annoncer qu’à l’issue de tout ce merdier je vais me mettre la caisse de ma vie. Je vais me foutre en l’air. Ambiance chaloupade, hystérie, bolas, youyou, cracheur de feu. Can’t wait.
Merci à vous mes parents de faire comme si c’était normal et génial de nous avoir tous les quatre (y’a Claude) à la maison pendant six semaines alors que tout le monde sait que vous avez pensé au suicide collectif de nombreuses fois déjà. Et c’est normal.
Merci à ma fille de faire preuve de bon sens et de me laisser une heure dans la journée sans venir me voir pour que je me repose et que je puisse hurler dans un coussin.
Merci au Covid19 d’avoir mis Canteloup au chômage partiel.
Plus sérieusement (une fois n’est pas coutume), merci à tous ceux qui d’une manière ou d’une autre jouent un rôle crucial dans l’amélioration de cette crise et nous aident à garder espoir, à voir se rapprocher ce jour où nous pourrons à nouveau nous balader dans les rues, aller au cinéma, au restaurant, faire la queue comme des connards devant chez Mamma Primi, s’embrasser, s’enlacer, être en terrasse, aller au parc, s’entasser dans des bars à cocktails larges comme des corridors, aller à la salle de sport…
Grâce à vous, ce qui est pourtant si terrible parait brutalement plus doux. Alors merci.
Bonjour
Merci à vous pour cet article (et les autres), vous savez résumer la situation avec finesse, drôlerie et sensibilité.
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