L’Amour le love ÉPISODE 2

Parce que je n’ai qu’une parole, après les dates, on va parler du couple. Enfin, je vais parler du couple. 

Ami(e)s gays, je vous aime. Je vais juste, ici, hétérosexualiser ces lignes car je parle de ce que je connais le mieux. Pour autant, je pense en écrivant mes mots à tous les couples que la terre recouvre. Sauf les Balkany.

Dans ma vie, je n’ai que très peu été célibataire. Une vérité probablement due au fait que je suis irrésistible mais, tout ça pour dire, que je sais de quoi je parle. Et au-delà d’être moi-même prise au piège (c’est péjoratif ça non ?) d’une relation de couple dans laquelle je m’épanouie de jour en jour, j’ai surtout la sale manie d’observer comment ça se passe chez les autres. J’aime me nourrir de ce qui m’entoure, certains me disent misanthrope (une méchante dame en colère sur les réseaux sociaux surtout) quand je défonce les uns et les autres à grands coups de second degré, la vérité c’est que je suis capable de dresser un portrait assez précis des humains qui me sont proches pour la simple et bonne raison que je les vois. 

Du coup, je vois aussi les couples. 

Et si une chose est sure, c’est qu’il en existe quantité de catégories. Toutes avec des similitudes inhérentes au couple et dont il est pénible d’échapper, mais avec des caractéristiques quand même bien établies. Les couples chiants, les couples libres, les couples Nous, les couples modernes, les couples gênants… De toute évidence je ne vais parler aujourd’hui que de ceux qui m’agacent (ou à minima m’interpellent).

Quand je parle de couples chiants, je pense à ces couples qui sont… mous. J’essayais de trouver un terme moins insipide mais c’est le seul qui m’est paru juste. Entièrement juste. Barbant c’est pas mal aussi mais je n’ai que 31 ans donc c’est bizarre un peu. Je pense à mes voisins du troisième (si vous me lisez) sauf qu’eux sont en plus très désagréables (j’espère que vous me lisez). Le couple chiant tu sais, c’est celui qui est gentil, du moins pas méchant, qui est d’accord pour tout par flemme de donner son avis (s’il en a un) mais qui ne participe pas vraiment non plus aux choses de la vie. Le couple chiant traverse les années avec des cases à cocher et peu de place à la spontanéité. Le couple chiant est prévoyant, il écrit son testament à 30 ans, contracte des assurances vie, achète sa concession au cimetière avant tout le reste de la famille, ne fait l’amour que pour s’accoupler et prévoit ses vacances trois ans à l’avance (mais pas à l’étranger parce que les hôpitaux sont meilleurs en France). On dirait que tout ce qui le préoccupe c’est de bien mourir quand la logique voudrait qu’on pense d’abord à bien vivre. 

Une posture qui tient, dans la plupart des cas, toute leur vie. Les couples chiants sont ceux qui se séparent le moins. Et puis parfois l’un des deux décide de dégoupiller à 45 ans et de laisser mariage et gosses pour s’enjailler salement. Voilà. On en connait des comme ça hein. Le Thierry qui s’achète des nouvelles lunettes, s’épile le dos et change sa collection de slibards à l’aube de ses cinquante piges pour aller dater de la trentenaire et se donner l’impression de vivre une deuxième jeunesse. Certains y parviennent parce qu’ils sont beaux et intéressants. D’autres, comme Yann Moix, parce qu’ils sont connus. Voilà. Chacune fait ce qu’elle veut.

Je ne les déteste pas, je me sens juste très éloignée d’eux. Moi qui vit le couple comme une aventure, une épopée romanesque, une flamme qui ne s’éteint jamais, une histoire qui émouvrait si elle vivait sur grand écran. Un truc assez fou, en somme. Mais, le problème dans tout ça, c’est que je suis normale, je suis comme vous (en mieux peut-être quand même), je rencontre précisément les mêmes galères que la plupart des couples. Certains diront qu’eux n’en ont aucune, de galère, que tout est une question d’équilibre. LOOOOOOL. NON. FAUX. TA GUEULE. Que certains couples soient plus épanouis que d’autres, oui. Que d’autres n’aient RIEN à redire sur leur relation : im-pos-si-ble. Même les soi-disant âmes sœurs ont forcément envie parfois de se balancer des horreurs avant d’aller dormir sur le canapé d’un pote pour ne pas voir la gueule de l’autre.

Il y a les couples « nous » aussi qui me fascinent. C’est peut-être même eux que je préfère. Le couple « nous » c’est ce couple qui ne fait qu’un. Celui qui oublie le je pour ne parler qu’en nous. Celui qui ne décide rien sans l’avis/l’aval de l’autre. Celui qui ne va nulle part sans l’autre. Tu sais cette copine que tu invites à une soirée FILLES (le sexisme s’impose parfois) et qui au bout d’une demi-heure te dit « ça ne te dérange pas si Hugo passe ? Il est dans le coin ». Han ben c’est drôle parce qu’il est toujours dans le coin Hugo quand on fait une soirée, c’est fou. Pourtant Boulogne c’est pas tout près tout près du 11ème je crois, à vérifier. Et tes nombreuses tentatives d’évincement sont vaines, cette copine n’en a que faire puisque sa soirée ne sera bonne que s’il est là. Tant pis pour lui s’il se retrouve au cœur d’un débat animé sur les culottes menstruelles, l’épilation du SIF et les petites bites. 

Le couple « nous » c’est aussi ce couple qui a un compte facebook (ou Instagram) pour deux. C’est celui qui met des photos de lui sous la Tour Eiffel avec « La dame de fer » en légende. Celui qui partage la même passion (je vous invite à aller faire un tour sur les pages Pinterest de yoga en couple, ça n’a pas de prix). C’est aussi celui qui s’embrasse en public, genre dans le métro le matin avant d’aller au travail. MAIS. NON. Faut arrêter ça tout de suite. Je n’ai rien contre les démonstrations charnelles, je trouve ça même plutôt beau, mais pas le matin. Pas dans le métro. Pas ces bisous tous durs là avec des lèvres en bec de pie suivis d’un « bonne journée biboune ». Oui parce que le couple « nous » se donne des petits noms et prend un plaisir certain à en user et abuser en communauté. Pas des bébés, babe, chéri, mon coeur (qui sont déjà bien cons mais on valide). Non. Des bibine, biboune, bibounette, minouche, doudou, ma puce, mon bijou, trésor et j’en passe. De quoi les laisser à l’écart le temps nécessaire pour que leur parade mièvre s’étouffe. De toute façon ils ne sont bien qu’à deux, donc sans rancune. 

Il y a les couples libres aussi. Ceux qui se disent « modernes ». Ceux qui, d’un commun accord, s’octroient la liberté d’aller coucher avec d’autres êtres humains. Ceux qui décident de ne pas se demander de comptes, sur rien. Ceux qui font des soirées chacun de leur côté. Ceux qui, dans les cas les plus extrêmes, de faire chambre ou appartement à part (je ne parle là que des couples qui ont des dizaines d’années d’ancienneté hein). Pour le bien de leur relation, disent-ils. Ceux qui ont décidé que le couple c’était mieux en étant célibataires, en gros. 

En vrai, je peux comprendre l’idée. Parce que même si je dois bien admettre que la vie en couple m’apporte une stabilité rassurante et une compagnie qui m’est agréable, le concept de la vie à deux c’est quand même pas tous les jours un cadeau.  Et si je devais dresser la liste de toutes les choses qui sont insupportables quand on est en couple, il me faudrait vous donner rendez-vous ultérieurement, en 2021. Là où c’est irrationnel, paradoxal presque, c’est que toutes les choses qui sont pénibles sont aussi celles qui finissent par nous manquer quand on est célibataires (ça dépend quoi quand même). Mais je reviendrai sur cette incohérence dans le troisième volet sur la rupture. 

Parce que le couple c’est devoir partager son lit, accepter que l’autre ronfle, pète (les garçons évidemment), tire la couette, prenne trop de place, se lève pour aller aux toilettes. C’est ne plus pouvoir être moche et puer, trainer chez soi avec des chaussons South Park, les cheveux gras et de la crème décolorante sur les poils des bras. C’est devoir supporter la belle-famille même quand ça n’est pas toujours une mince affaire (Sylvain, je ne parle pas toujours de toi), c’est accepter de faire tomber certaines barrières de l’intime liées aux toilettes par exemple (que celle qui n’a jamais eu cette discussion avec ses amies se manifeste ou se taise à jamais). C’est devoir trouver des choses à faire ensemble le week-end, c’est attendre l’autre pour finir une série (on a tous triché au moins une fois dans notre vie), c’est accepter aussi qu’avec le temps les choses changent et que les débuts c’est bien qu’au début. Ça se fait doucement. Tu t’en rends compte le jour où tu lui murmures, en soirée chez des amis, que tu n’as pas mis de culotte et qu’il te répond « t’es vraiment dans la lune en ce moment ». Quand de toute évidence tout était calculé pour déclencher en lui l’envie d’être dans ma lune. Si histoire de lune il y a. C’est en fait un autre amour qui s’installe ensuite, quelque chose de moins endiablé certes mais de plus solide. Une histoire qui traverse les années avec tout ce que ça comprend de cool et de moins cool. Un truc sérieux comme on dit. 

Je suis en plein dedans, et j’adore ça. Mon couple à moi c’est un peu un mélange de tout ça. Je dirais si je devais le qualifier que c’est un couple un peu chiant (on se fait des soupes de lentilles corail et on se couche souvent à 22h), un peu « nous » aussi (on se donne des noms à la con), un peu libre (TU TE CALMES SYLVAIN. On adore faire des soirées l’un sans l’autre avec nos potes), un couple un peu normal en fait. On ne s’appelle pas la journée, on ne s’envoie pas des pavés lus chez Morgane Ortin pour se dire des choses qui foutent les poils et les larmes. Son dernier message c’était « tu peux m’acheter des chaussettes blanches ? ». Parfois on s’endort en regardant chacun une série différente. Parfois il m’énerve. Parfois je l’énerve. Parfois on se manque. Parfois on rit, parfois on pleure. Parfois on est d’accord. Parfois pas d’accord. Parfois je lui arrache les poils du nez avec les doigts et il pète les plombs. Parfois il me fait craquer les orteils et je pète les plombs. Mais, surtout, et par-dessus tout, on s’aime.

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